La dernière fois, je réfléchissais à certaines expressions, utilisées fréquemment en français, mais dont la connotation est en réalité plutôt (très) discutable. Je pensais notamment aux suivantes.
▶️ C’est du petit nègre.
Du « petit nègre », c’est quelque chose de très peu clair, ou mal écrit. Un bon exemple de petit nègre ? Les traductions automatiques catastrophiques qu’on trouve (hélas) dans beaucoup d’endroits...
▶️ C’est fait en juif.
On dit qu’une personne fait quelque chose en juif quand elle effectue une action dans son coin, sans vouloir partager. Votre conjoint(e) a profité de votre absence pour manger tout le gâteau qui était au frigo ? Il l’a fait en juif.
▶️ C’est du travail d’Arabe.
Vous direz qu’un(e) prestataire a fait du travail d’Arabe si vous n’êtes pas satisfait de la qualité du service qu’il/elle vous a fourni. J’en profite d’ailleurs pour vous recommander ce billet très intéressant de Moncef Ziki au sujet des origines, finalement méconnues, de cette expression.
▶️ Il/elle est belge ou quoi ?
Lorsqu’une personne vous semble idiote, vous pouvez tout bonnement la traiter de Belge. Pourquoi Belge, et pas une autre nationalité ? Car les Français ont pour habitude de taquiner les Belges (gentiment, pour la plupart) en affirmant qu’ils sont plus intelligents qu’eux.
Bien évidemment, si on prend ces expressions à la lettre, elles sont clairement racistes. Le but de ce billet n’est pourtant pas de partir dans une polémique, mais de s’interroger sur leur usage.
Ceux qui me connaissent personnellement savent ce que je pense de la xénophobie, de l’antisémitisme et du colonialisme. Cependant, je vous mentirais en disant que je ne les ai jamais utilisées.
Car elles sont ancrées dans le langage parlé, j’ai l’impression qu’on les prononce instinctivement et qu’on ne s’offusque plus forcément de leur sens premier. En outre, si quelqu’un me dit demain qu’un texte est écrit en petit nègre, je ne vais pas me dire « Quelle horreur, il aurait soutenu le commerce triangulaire, lui ».
Faut-il partir du principe que ces expressions sont aujourd’hui banales ? Ou faut-il les éviter ?
C’est un sujet complexe, selon moi. D’un côté, ces expressions sont « pratiques » car parlantes mais, de l’autre, elles sont horriblement douteuses.
En tant que Français(e), est-on une mauvaise personne si on intègre ces expressions à son vocabulaire, d’autant que le passé récent de notre pays est tout sauf glorieux (collaboration pendant la Seconde Guerre Mondiale, guerre d’Algérie, colonisation africaine, etc.) ?
J’aimerais trouver une réponse définitive, sans être forcément partisane de la stricte réécriture non plus.
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